|
Interview avec Ciro Tota
La Gargouille : Avez-vous fait une école de
dessin ?
Ciro Tota : Non, je suis plutôt autodidacte, je
me suis inspiré du style d’autres dessinateurs.
L.G. : Que pensez-vous des écoles de dessins ?
C.T. : C’est une bonne chose, mais il ne faut
pas compter dessus pour apprendre le BD.
L.G. : Ciro Tota, c’est votre véritable nom ou
c’est un pseudonyme ?
C.T. : C’est mon véritable nom. Mes origines sont italiennes et non pas asiatiques
contrairement à ce que l’on pense. J’ai pris comme pseudonyme Cyrus Tota quand
j’illustrais Photonik.
L.G. : Avez-vous travaillé pour des Fanzines ?
C.T. : Dans les années 70, j’animais une série d’horreur pour ‘’Mandibule’’. Mais ce
n’était pas terrible.
L.G. : Que pensez-vous des revues de Bandes déssinées ?
C.T. : Que du bien, quand j’étais plus jeune, j’achetais toutes les revues qui sortaient (
L’écho, Métal, Pilote, A suivre etc…)
L.G. : Que pensez-vous des festivals de BD ?
C.T. : Ces genres de festivals sont vraiment géniaux ! Ils ouvrent à un large public les
portes du 9ème art.
L.G. : Y participez-vous ?
C.T. : Quand cela m’est possible; j’en fais en moyenne une dizaine dans l’année. Blois,
Chambéry, Solliés, Illzach, et bien d’autres.
L.G. : Quels sont vos auteurs préférés ?
C.T. : Loisel, Mignola, Vatine, Giraud, Bourgeon, Cothias, Mitton, Juillard, Cailleteau,
Bruschwig, sans oublier les plus grands comme Uderzo, Charlier, Hergé.
L.G. : Que pensez-vous de la BD Franco-belge, Américaine, Japonaise ?
C.T. : Dans la BD franco-belge,
j’apprécie énormément les jeunes
auteurs comme Duval, Lebault,
Stan, Vince et quelques autres. La
BD japonaise est attrayante mais la
conception est telle que je ne
m’intéresse qu’à une planche sur
dix. Mais pour moi, elle reste
difficile à comprendre. Par contre
la BD américaine était magnifique.
Durant toute mon adolescence, j’ai
baigné dans les supers-héros et
dans les oeuvres de Buscema,
Jack Kirby, Gil Kane. Maintenant,
avec le virage Miller et
Sinckewitch, j’ai arrêté de la lire.
Par contre je continue à
m’interesser à son côté visuel. Je
m’apperçois qu’en faisant de la
BD, j’en lis de moins en moins.
L.G. : Êtes-vous collectionneur de
BD ?
C.T. :Je l’étais avant de devenir
dessinateur professionnel. Vous
savez, dans le monde de l’illustration, vous n’avez pas tellement le temps de collectionner ni
de lire, après avoir travaillé plus de 10h dans la journée.
L.G. : Avez-vous travaillé pour l’étranger ?
C.T. : Pas encore mais cela ne me déplairait pas.
L.G. : Allez-vous faire des scénarii en BD ?
C.T. : J’aimerais bien en faire dans
un style humoristique. L’héroïc
fantaisy ne me déplairait pas.
L.G. : Combien de temps
travaillez-vous sur vos planches ?
C.T. : Pour Photonik, en moyenne
1 à 2 jours sur chaque planche;
pour Fuzz et Fizzbi, 3 jours de
travail; et pour Aquablue environ 5
jours, à l’exception de la planche
1, où il m’a fallu une semaine de
travail.
L.G. : Auriez-vous aimé faire du cartoon ?
C.T. : Bien sûr, surtout dans le style des vieux courts métrages Disney.
L.G. : Vous avez dit que vous alliez refaire de l’héroïc fantaisy ?
C.T. : J’adore dessiner des lutins, des gnomes, des colosses, des magiciens. C’est pour
moi une grande partie de plaisir. Je m’y
replongerai un jour ou l’autre.
L.G. : Et de la BD humoristique ?
C.T. : J’en rêve depuis longtemps.
L. G. : Faites-vous toujours des
couvertures pour Strange et ses petits
frères ?
C.T. :Non, car Semic fait ses couvertures
par reproductions américaines. Et j’ai
d’autres choses à faire qui me semblent
plus intéressantes.
L.G. : Quelles revues lisiez-vous dans
votre enfance ?
C.T. : Je lisais énormément les petits formats de chez Lug et d’Artima (Névada, Kiwi,
Zembla, Rodéo, Kalar, Oïgan).
L.G. : Auriez-vous aimé faire autre chose que de l’illustration ?
C.T. : Etant tout petit je voulais être astronome, mais à partir
de 10 ans j’ai commencé à dessiner pour m’amuser. Depuis je
n’ai pratiquement pas arrêté.
L.G. : Êtes-vous le créateur de la série Photonik ?
C.T. :Totalement, les scenarii et dessins sont de moi. Mitton,
un de mes amis (dessinateur chez Lug) m’a remplacé durant 6
épisodes, le temps de respirer.
L.G. : Quel fut votre premier travail dans le monde de la BD ?
C.T. : C’était chez Lug en 1979 où j’illustrais le petit trappeur
durant 4 épisodes.
L.G. : Quels produits avez-vous illustré en publicité ?
C.T. : J’ai fait 2 x 3 planches pour les produits Moulinex, 3
planches pour Perrier, 2 planches pour SnecmaL.G. :
Comment ça respirer ?
C.T. : Lug me demandait de faire 20 planches par mois, j’ai eu
un petit retard et Mitton m’a aidé en dessinant quelques
épisodes dont il faisait lui-même le scénario.
L.G. : Pourquoi avez-vous changé votre prénom Ciro par
Cyrus ?
C.T. : Lug a remarqué que leurs lecteurs n’aimaient que les produits et les dessinateurs
américains, alors j’ai légèrement américanisé mon prénom.
L.G. : Les conceptions graphiques de Photonik et les scénarii vous étaient-ils libres ?
C.T. : Complètement, je pouvais faire tout ce que je voulais, mais en respectant les limites
que la censure imposait.
L.G. : Combien d’épisodes avez-vous illustrés pour cette série ?
C.T. : Environ cinquante de vingt planches chacun.
L.G. : Après avoir marqué les années 80 avec cette série, pourrons-nous espérer une suite
de Photonik ?
C.T. :Pas pour l’instant, il y a eu un projet avec Luc Bruschwig qui n’a pas abouti. Mais
peut-être verrons-nous dans quelques années deux ou trois épisodes.
L.G. Comment avez-vous rencontré Cailleteau ?
C.T. : Nous nous sommes rencontré par l’intermédiaire des éditions Delcourt, sur des
Projets qui ne se sont pas concrétisés. Mais nous avons gardé le contact et par la suite,
nous avons travaillé ensemble sur Fuzz et Fizzbi et maintenant sur Aquablue.
L.G. : Pensez-vous avoir fait un bon travail sur cette série ?
C.T. : Je pense que j’ai été trop maniaque et minutieux, mais je suis satisfait en ce qui
concerne la conception des décors et la narration graphique.
L.G. : Aviez-vous le libre choix sur la conception de l’album ?
C.T. : Oui, mais je faisais part de mes idées à Thierry et à Delcourt et ils me disaient si ça
collait ou non.
L.G. : Avez-vous intégré des clins d’oeil dans l’album ?
C.T. : Oui, en souvenir de personnages et de films qui m’ont marqué:
– Pour la planche 1, vous remarquerez que sur le tas d’andrïdes à droite, à son sommet se
trouve le robot de la ‘’planète interdite’’, un film de S.F. de Fred Mc Wilcox (1955).
– Sur le tas de gauche, nous appercevons R2 D2, l’androïde de la saga de ‘’La guerre des
étoiles’’.
– Et sur le tas du milieu, nous voyons l’armure d’Iron-Man.
-Sur la page 11, planche 9, case 4, à droite du poster, sur l’étagère vous remarquez
Brutus, le colosse de la série Fuzz et Fizzbi. Au dessus de cette même étagère, il y a une
caisse pleine de personnages de cette même série (nous les distinguons mieux à la page 12,
planche 10)
– Sur la planche 13 de la page 15, tous les chiffres du vaisseau de Syssim (l’homme
serpent) se prononcent ‘’SSSS…’’
– Le squelette sur la planche 35 de la page 37 porte un
vêtement avec marqué dessus ‘’Martin’’, j’ai voulu faire
un clin d’oeil pour le film ‘’Les disparus de St Agile’’ de
Christian Jacques.
-Et enfin, nous voyons que le grand-père des enfants dans
l’Etoile Blanche, n’est autre que Brutus le colosse de Fuzz
et Fizzbi, mais avec une pilosité différente.
L.G. : Y aura-t-il une suite de Fuzz et Fizzbi ?
C.T. : Pour l’instant non, le cycle s’est déroulé en trois
tomes. Il n’y a pas eu une vente exceptionnelle de cette
série, 6000 exemplaires pour le tome 1 et moins pour les
autres.
L.G. : Pouvez-vous donner un bref apperçu du prochain
album d’Aquablue ?
C.T. : Les androïdes se révolteront sur Starlion et les deux
enfants iront libérer Nao des mains de Cantor avec Cybot.
Il sortira en octobre 1995. Mais chut…
Fin
Images 1,3, 4, 5, 7:, ©1994 Delcourt / Tota, Aquablue l’Etoile Blanche T1
Image 2: Couverture inédite (projet pour Serval n°15) chez Semic, ©1996 Tota / La Gargouile
Image 3, Dessin inédit de photonik, ©1996 Tota / La Gargouile
Image 8, ©1994 Delcourt / Tota, Aquablue l’Etoile Blanche T2
|