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William Vance, après six années passées dans la publicité, aborde la bande dessinée en 1962 avec des récits complets historiques dans le journal Tintin. En 1963, il crée son premier personnage Howard Flynn sur un scénario d’Yves Duval (3 albums parus de 1966 à 1969 chez Dargaud/Lombard-réédités en un volume en 1981 chez Magic-Strip), suivis, en 1965, de Ringo (3 albums chez Dargaud/Lombard en 1967, 1968 et 1978). Mais c’est en 1967, que Vance va devenir célèbre en reprenant le personnage de Bob Morane, laissé vacant par Gérald Forton dans l’hebdomadaire Femmes d’Aujourd’hui, et en créant Bruno Brazil pour le journal Tintin. (18 albums des aventures de Bob Morane, dessinés par Vance sur scénario de H. Vernes, sortiront chez Dargaud/Lombard de 1969 à 1980), avant que la série ne continue avec Coria aux éditions du Lombard. 10 albums Bruno Brazil, sur scénario de Greg, paraîtront parallèlement, toujours chez Dargaud/Lombard de 1969 à 1977. Tout en continuant ces deux séries, Vance, en 1972, lance dans Femmes d’Aujourd’hui un nouveau personnage, Roderic sur scénario de Meys (2 albums chez Bédéscope en 1979), puis Ramiro, à partir de 1974 dans le même hebdomadaire, (9 albums aux éditions Dargaud de 1977 à 1989). Il publie aux éditions Deligne, en 1967, un album, C’étaient des Hommes et commence dans Femme d’Aujourd’hui, à partir de 1976, les aventures de Bruce J. Hawker (6 albums au Lombard de 1985 à 1991), puis dans Spirou, en 1984, XIII, sur scénario de Van Hamme (11 albums de 1984 à 1995 aux éditions Dargaud). Vance travaille également sur la série Marshal Blueberry, dont il réalise le dessin et l’adaptation (avec Thierry Smolderen) sur un texte de Jean Giraud. Le premier album sort en novembre 91 chez Alpen Publishers.
InterviewLe succès populaire de XIII vous surprend-il?Oui, je ne m’y attendais pas du tout, puisque je dois dire qu’au tout début, les premiers chiffres n’étaient pas florissants, c’était un risque d’imprimer 12 000 exemplaires mais Alain Le Berre, patron à l’époque de Dargaud Bénélux a voulu insister, il a pris le risque de continuer. Le 2ème puis le 3ème ont mieux marché, mais c’est le 4ème qui a tout déclenché. Ce qui a beaucoup joué, c’est le thème de l’assassinat du Président, le coup d’état manqué. Pour moi c’est une des meilleures histoires qu’on pouvait faire. Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement dans la série XIII ? J’aime beaucoup son univers américain. Cela permet de montrer énormément de choses. J’apprécie ce genre d’intrigue politique. L’univers militaire -bien que je ne le fréquente pas- n’est pas pour me déplaire. Je crois aussi que le fait que l’action se déroule aux Etats-Unis donne plus d’impact à la série. Si elle relatait une histoire qui se passe dans un pays quelconque, les lecteurs seraient très certainement moins réceptifs. Les USA, c’est le rêve, c’est l’évasion. D’autre part, qu’est-ce qui vous plaît le moins? J’ai horreur de dessiner des intérieurs modernes. Mais c’est une nécessité de la série. Je préfère mettre en images les grands espaces, les rues, les voitures qui volent en eclats, les intempéries, la pluie, la neige… Dans vos histoires les femmes jouent un rôle essentiel? Oui, j’aime bien les jolies femmes et il est logique que je n’en dessine pas des moches. Même si j’essayais, on les regarderait quand même. Je ne sais pas dessiner une femme tout à fait moche. Je préfère dessiner une femme plutôt que le héros. XIII a tenté une carrière aux USA. Vous avez Même redessiné des couvertures à cet effet. La série a-t-elle connu quelque succès de l’autre côté de l’Atlantique ? L’éditeur US a commencé avec un petit tirage, comme pour le premier album chez nous, 12 000 exemplaires. Mais cela a baissé par la suite et il n’a pas poursuivi au delà du troisième. Il y a de grands amateurs de BD, mais ils n’ont pas la même perception de la BD que nous autres Européens. Prenez un Comics avec un de leurs fameux super-héros. Regardez comment ils font la mise en page. C’est totalement différent de la BD européenne. Mais on y trouve des choses intéressantes. Vous dites que la série Bruce J. Hawker est votre préférée, pour quelles raisons? J’ai créé cette série. J’aime beaucoup son univers, la mer, le vent, etc. Elle me permet de dessiner des choses que j’apprécie tout particulièrement comme la violence des éléments de la nature. Il y a encore de nombreux mystères à mettre en scène autour de ce sujet. Pourquoi avoir repris Marshal Blueberry: par défi, par attirance au personnage, par nostalgie de Ringo? Par défi, oui. Par attirance, aussi. C’est le mythe Blueberry parce que j’ai toujours beaucoup aimé cette série et j’aime bien ce personnage. Mais l’élément le plus important, c’est la nostalgie de Ringo. Vous n’avez pas eu peur des critiques, des gens qui aiment Blueberry ? Non, je n’ai pas eu peur car j’avais déjà passé ce même cap à l’époque où j’ai repris Morane et, sans prétention, c’était quand même la plus belle époque du personnage. Ce n’est pas parce qu’on reprend un personnage qu’on ne peut pas dépasser le dessinateur attitré. C’est arrivé avec la série Tarzan, avant Hogarth il y avait eu Foster. C’est arrivé à Franquin aussi avec Spirou. Moi, j’ai passé ce cap avec Morane. Pour Blueberry comme il y a quand même beaucoup de similitudes entre lui et moi quant à la façon de s’exprimer, on m’a laissé une paix complète. J’ai vu Gir et nous nous sommes téléphonés plusieurs fois, il voulait qu’on s’amuse, ce n’était donc absolument pas rigide. Pour ce qui est du scénario de Giraud sous quelle forme le recevez-vous? Au départ, il s’agissait uniquement d’un manuscrit sans aucun découpage. Il était prévu d’en tirer deux albums. Mais je l’ai conçu en trois parties. J’ai réalisé l’adaptation en BD du premier tome. Faute de temps, l’adaptation du second a été confiée à Thierry Smolderen. Pour le troisième épisode, il existe déjà deux versions mais je souhaite y apporter quelques modifications. Quand on lit bien vos albums, il y a un nom qui apparaît souvent, c’est Petra la coloriste. Comment se passe votre collaboration ? Très bien, car on se met d’accord sur les couleurs. Pour XIII comme c’est nouveau, on discute. Elle a un goût assez fort pour tout ce qui est féminin et elle a bon goût pour les hommes! On part d’une couleur, on assemble et on essaie de trouver des combinaisons. Je lui laisse entière liberté. Jamais de conflits. Pour les coloriages de la réédition de Bruno Brazil, c’était encore un travail différent. Pour les westerns, par exemple, on enregistre de bons westerns qui se situent en général dans les marrons et on prépare toute une gamme de tons dans le marron et cela fait le même effet que dans un film. Pour XIII, c’est la même chose. Il y a rarement des tons purs, ce sont des mélanges qu’elle recherche. Je crois qu’on doit dire que Petra, c’est votre femme. Absolument, depuis longtemps, depuis que j’ai commencé la BD en 1962. Sans elle, je crois que je ne serais jamais arrivé où j’en suis maintenant. Quel regard portez-vous sur la BD? Je respecte le monde de la BD mais mon monde est un peu différent. Disons que je suis plutôt un illustrateur. Je fais de la Bande dessinée pour gagner ma vie, mais mes aspirations seraient plutôt d’être illustrateur ou peintre. J’aime bien la BD, mais avant tout il y a la couleur. Cette interview est la synthèse de celle parue dans La Lettre de Dargaud, Numéro 14, 1993 et de celle parue dans Auracan, numéro 10, Mai Juin 1995. Lire aussi Hop, numéro 56, 1993. BIBLIOGRAPHIE
Chez Dargaud Editeur
Scénario de W. Vance
XIII – scénario de Van Hamme
Howard Flynn – scénario de Y. Duval
Au Lombard
Bruce J. Hawker – scénario de W. Vance
Scénario de A.P. Duchâteau
Bob Morane – Scénario de H. Vernes
1973 – L’oeil du Samouraï – Lombard/Dargaud
Au Lombard
Chez Bédéscope
Chez Dargaud Editeur |